Quand l’enfant à Haut Potentiel n’est pas celui qu’on pense…
Extrait du site lewebpedagogique.com
Celui que l’on appelle encore élève intellectuellement précoce (EIP) dans l’éducation nationale n’est pas toujours le « surdoué » de la classe. Ce simple constat a justifié l’abandon du terme « surdoué » dans la littérature officielle. Il est même si peu représentatif que le concept de « haut potentiel » lui a été préféré ces dernières années. Nous avons en moyenne un EIP par classe, et une fois sur trois, cet enfant sera en difficulté, voire en échec.
Pourquoi est-ce un enfant à haut potentiel ?
Parce que le fonctionnement cognitif du HP (haut potentiel) est différent. Il fait partie des enfants à besoins particuliers, des « pas comme tout le monde ». Avec une « pensée en arborescence » , une lucidité angoissante, un perfectionnisme frustrant, un sens de la justice acéré, une hypersensibilité difficile à gérer, une empathie naturelle mais envahissante, une “rage de tout maîtriser”… Ce n’est pas toujours facile de rentrer dans le cadre scolaire conçu pour les 80% de « normaux pensant ». Souvent, la capacité d’adaptation est si forte que l’enfant sera en grande réussite. Mais pas toujours. Et savoir qu’un tiers des enfants ayant un quotient intellectuel supérieur à 98% de la population se retrouvent en échec scolaire, c’est difficile à admettre.
Comment reconnaître un enfant à haut potentiel ?
L’EIP est « hyper tout » , souvent excessif, d’un côté ou de l’autre mais rarement modéré. Il préfère parfois ne pas faire plutôt que de risquer une erreur. Il croit que savoir, c’est apprendre et possède rarement le sens de l’effort : ce qui peut provoquer une brusque chute des résultats en 5e ou en 2de, sans que personne ne comprenne pourquoi. Jean-François Laurent les nomme les APIES : personnes atypiques dans l’intelligence et l’émotion. Il explique qu’ils ont souvent le cœur tailladé car une banale remarque qui ne blessera personne pourra les atteindre eux, profondément. On dira donc qu’ils sont susceptibles, immatures mais ce n’est qu’une sensibilité extrême qui peut aussi les conduire à se couper de leurs émotions. C’est tout ou rien.
On lit souvent sur son bulletin : « veut savoir sans apprendre », « n’exploite pas ses capacités », « rêveur », « doit apprendre à développer », « ne lis pas les consignes », « manque d’organisation », « doit s’appliquer davantage », « quand il veut, il peut »…
L’enfant à haut potentiel a du mal à rentrer dans la norme et peut être fâché avec l’écriture qui représente une structure à intégrer, des règles à appliquer pour suivre scrupuleusement un cadre imposé. Avez-vous remarqué que les élèves qui s’adaptent ou se « sur-adaptent » ont souvent une écriture très lisible, ronde, calligraphique ? Ce n’est pas le cas de la plupart des HP ! D’autres explications rentrent aussi en jeux en ce qui concerne l’écriture. Pour en savoir plus sur l’écriture du HP
Les règles et les apprentissages doivent avoir du sens pour lui. Sinon, il les discute. Et il est très fort pour argumenter ! Mais dans la classe, il est difficile d’instaurer un dialogue sans fin avec un seul élève! Alors il peut finir pas se refermer, se taire. Ou se révolter et devenir l’élève indiscipliné. Pour lutter contre l’ennui, pour être reconnu, ou juste pour avoir le sentiment d’exister, c’est bien de bouger un peu trop en classe !
La difficulté d’intégration, les soucis relationnels font parfois de lui le vilain petit canard, le bouc-émissaire ou le SAF (sans ami fixe). Pour se défendre, il s’isole, fait le clown ou développe une capacité d’adaptation hors norme pour se fondre dans la masse. Pas facile de choisir le respect de ce que l’on est s’il faut s’exclure pour rester intègre. Soit je me désintègre pour m’intégrer, soit je reste « moi » mais je m’exclus !
Le haut potentiel s’accompagne aussi parfois de DYS ou de TDA/H. L’un cache l’autre et parfois on ne voit plus rien, qu’un malaise qu’on ne saurait expliquer. La compensation joue à plein régime mais peut finir par épuiser l’enfant. Le Docteur Michel Habib, explique parfaitement ce phénomène.
Que faire pour un enfant à haut potentiel ?
Bien sûr, la première étape est la détection de la précocité, auprès d’un professionnel qui connaisse bien les particularités du haut potentiel. Le diagnostic permet de mieux comprendre, de déculpabiliser les parents autant que l’enfant de ce sentiment étrange d’être un peu extra-terrestre, un Harry Potter qui ne comprend pas ce qui lui arrive, petit sorcier au pays des moldus…
Une fois qu’on a les « références du modèle », on peut obtenir le « mode d’emploi » et savoir ce qu’il faudra travailler : lutter contre l’ennui, chercher le sens, approfondir et enrichir l’enseignement traditionnel pour ne pas voir fuir la motivation, apprendre la méthode, l’effort, relever des défis. Tous ces conseils se trouvent dans l’excellent document, très riche et complet, pour les enseignants, sur eduscol.
Enfin, comme pour tous les enfants, mais plus encore pour le jeune EIP, le cadre ferme et bienveillant sera rassurant, et l’aidera à sortir ce potentiel du champ des possibles pour le réaliser, l’accomplir et s’épanouir.
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