Essayer de mettre en place un système de communication avec des images, pour les enfants non verbaux, c’est se confronter tout d’abord à ce que peut ou non comprendre l’enfant… Certains enfants feront relativement facilement le lien entre l’objet, la photo de l’objet, puis le pictogramme représentant l’objet. Pour d’autres, la compréhension et la généralisation posent problème, et il faudra par exemple une photo en couleurs de l’objet précis (et si l’assiette est verte sur la photo et rouge dans la réalité, ça ne fonctionnera pas).
Dans le cas de mon petit garçon, nous n’avions aucune idée de ce qu’était sa compréhension des choses (et c’est encore très majoritairement le cas). Je suis donc partie de quelques photos d’objets qu’il aimait particulièrement car l’exercice allait lui demander de gros efforts donc il fallait une très forte motivation.
Ses soucis au niveau moteur ne lui permettaient que très difficilement de prendre une image, il ne fallait donc pas multiplier les difficultés. Par contre, il tapait beaucoup sur les objets, je suis donc partie du principe qu’il serait bien plus facile pour lui de toucher une carte (de taper dessus) pour faire une demande. A ma grande surprise (je l’avoue), il s’est rapidement approprié cette « méthode ».
Il est très important que chaque geste adapté (chaque demande) soit immédiatement récompensée par l’objet désiré afin de ne pas démotiver l’enfant. Pour Marius, l’objet souhaité était également accompagné de nombreuses félicitations quant à sa demande.
Enfin, il est important que l’enfant puisse avoir accès aux images. À la maison, il avait des images à disposition sur la table et des doubles aimantés au réfrigérateur.
Nous avons ensuite pu élargir cette ébauche de communication dans deux directions :
• Faire des choix : lorsqu’il veut un livre, on lui propose plusieurs livres et on lui demande de choisir (de toucher) le livre qu’il souhaite. En effet, on a vite tendance lorsqu’un enfant ne parle pas de « choisir à sa place ». Je pense qu’il est important, à l’inverse, de lui demander le plus souvent possible de faire ses propres choix (choisir entre deux gâteaux ou deux jouets). Puis nous avons poursuivi avec le “oui” et le “non”, qu’il utilise essentiellement au moment des repas pour dire s’il veut manger ou non. Nous avons donc toujours les cartes oui et non sur nous.
A l’école (EEAP), Marius avait un petit bureau avec un pupitre pour qu’il puisse demander ou faire des choix (ici choisir entre plusieurs comptines)
• Utiliser des buzzers enregistreurs : comme mon fils peut toucher une image pour demander quelque chose, j’ai acheté des buzzers enregistreurs sur lesquels j’ai collé des images et j’ai enregistré la demande correspondante. Le buzzer qui fait son grand bonheur est celui avec ma photo et qui crie « maman ». Dès qu’il l’utilise, je réponds d’un « j’arrive » et je l’exécute immédiatement. C’est une grande satisfaction pour mon fils.
La méthode de communication par l’image communément utilisée en France est la méthode PECS. Le point fort de cette méthode est sa progressivité (photo, pictogramme…).
• Utiliser une tablette : Il y a quelques années, nous avons découvert le logiciel proposé par Auticiel, avec 10 logiciels intégrés, cette tablette (ou ce logiciel installé sur votre propre tablette) permet de travailler la communication (pictogrammes, photo… exprimer un besoin, une douleur….), les repères spatio-temporels (réaliser des tâches étapes par étapes, se repérer dans le temps, planifier l’emploi du temps…), les relations sociales (apprendre les émotions…), le classement et la généralisation et contient quelques jeux.
Pendant plusieurs années, nous avons essayé de l’utiliser avec Marius mais avec de trop nombreuses crises d’épilepsie, c’était beaucoup trop d’efforts pour lui…Lorsque Marius a eu 10 ans, c’était enfin le bon moment. Nous avons commencé à utiliser un IPAD (parfait pour l’utilisation du logiciel Auticiel) et Marius a rapidement pu exprimer des demandes grâce à la tablette.
• autres supports numériques : on peut trouver des outils très intéressants pour le quotidien. Le site SantéBD ou l’application du même nom permettent de construire en quelques clics une fiche très précise pour expliquer un rendez vous médical à une personne en situation de handicap.
On choisit le type de handicap, le médecin avec qui on a rendez-vous (dentiste, psychologue…), la raison du rendez-vous, etc. Puis une fiche apparait pour expliquer en détails comment va se dérouler le rendez-vous, les soins qui vont être prodigués, pourquoi…
Conclusion : la communication est un long chemin semé d’embuches…nous avons cherché pendant des années ce qui convenait à Marius, nous avons fait un trait sur la langue des signes et sur des tas d’autres pistes (pour certaines la compréhension de Marius était insuffisante à ce moment là, pour d’autres c’est son handicap moteur qui rendait la chose impossible) mais s’il y a bien quelque chose qu’il ne faut jamais lâcher, je crois que c’est bien cela…quel bonheur de voir son enfant qui peut s’exprimer pour la première fois !!! et pour lui ça n’a pas de prix !!! Pouvoir ENFIN choisir entre 2 gâteaux ou entre 2 histoires, pouvoir dire s’il a mal ou s’il veut rentrer à la maison…Pour chaque enfant et quelque soit son handicap, il y a des moyens de communiquer…et même si on cherche le meilleur pendant des mois ou des années, l’issue est forcément une grande victoire…