LANGUE DES SIGNES

• Témoignage
• La communication gestuelle
• La LSF en 3 questions

Témoignage 

Mon petit garçon communique, mais pour une raison qui nous échappe, les mots n’arrivent pas encore à sortir de sa bouche. Il essaye pourtant… Par moment, pendant quelques semaines, il arrive à dire « maman », « à boire » ou à appeler le chien. Puis plus rien pendant des mois… L’épilepsie, les nombreux médicaments, une grande fatigue, et une difficulté à connaître et à sentir les limites de son corps sont probablement les causes de ces difficultés.

Il y a quelques mois, nous avons voulu essayer la communication gestuelle. Grâce à cela, nous avons pu faire une rencontre extraordinaire ! Bénédicte Mourot a créé l’association Nos ptits signent et propose des ateliers pour les familles, les structures, les professionnels de la petite enfance, du handicap, etc. Elle s’est donnée pour mission d’aller partout où les signes peuvent permettre aux enfants de communiquer, de grandir, de prendre du plaisir… Et pour cela, elle n’hésite pas à avaler des centaines de kilomètres par semaines dans toute la région Franche-Comté.

Les séances, basées sur l’apprentissage par le jeu et les comptines sont un pur plaisir pour les enfants et pour leurs parents. C’est une découverte absolument formidable.

Pour notre petit frisé chéri, nous nous sommes malheureusement heurtées aux limites de sa motricité. Il était très intéressé par les signes et les comptines. Nous avions plus facilement son attention lorsque nous parlions en signant en même temps. Mais il ne pouvait pas reproduire à son tour les signes. Nous avons donc essayé ensuite d’autres chemins, dont les cartes qu’il lui est plus facile de toucher ou de donner pour se faire comprendre.

 

La communication gestuelle :
un lien, une passerelle vers tous les autres

Le signe accompagne nécessairement l’émotion, c’est une aide précieuse pour mettre en accord ce que l’on dit avec la façon dont on le dit, donc le signe et la mimique deviennent porteur de sens pour l’enfant, en servant d’appui au mot prononcé. L’intérêt d’utiliser des signes de LSF et non des gestes est que ceux-là sont codifiés, compris et utilisés à l’extérieur de la structure (répertoriés et donc accessibles à tous). Ils permettent donc une communication nettement plus ouverte et notamment avec les enfants qui connaissent des difficultés de communication verbale, que ce soit pour cause de retard ou de handicap. Ils permettent aussi d’échanger quelques signes avec adultes signants.

Les signes sont une formidable passerelle entre les personnes qui maîtrisent le langage oral et les autres.

Grâce aux signes :

– On attire l’attention des enfants

– On offre un support à la compréhension (notamment grâce à la catégorisation : emploi d’un signe générique pour introduire des mots proches de sens : avec le mot pâquerette, comme avec le mot «tournesol », on ajoutera le signe « fleur » en désignant la fleur)

– On structure la sphère langagière (au sens large et pas seulement la parole) du cerveau de l’enfant

– On offre des repères supplémentaires : visuels, moteurs, espace et temps

– On aide à discriminer les mots, leurs sens (homophones : mots de diction proches d’autres mots mais ayant un sens différent)

– On offre des repères dans le flot de parole

– On peut appuyer les syllabes de la gestuelle. Comme le signe « papa » compte 2 gestes, on peut appuyer chacune des syllabes avec l’articulation su signe. Pour le mot “comprendre”, rien n’empêche de tripler le signe pour accompagner l’articulation, cela aidera les enfants dyslexiques, par exemple, mais aussi les enfant qui parlent trop vite pour dissocier toutes les syllabes.

Signer en même temps que l’on parle ralentit considérablement notre débit de parole. Nous savons que c’est un avantage pour les Petits, qui ont plus de temps pour voir comment on s’y prend. C’en est aussi un pour les plus grands et les enfants en situation de handicap, ils dissocient ainsi mieux les mots et les syllabes.

Pour les enfants mal-voyants, on peut faire sentir les signes, en modelant leurs mains et en accompagnant leurs mouvements. On peut aussi signer sur leur corps et leur faire sentir la forme de nos mains avec les leurs.

Les signes sont un excellent support pour l’oral, ils permettent de développer d’autres canaux de réception, de compréhension et d’expression. Ainsi, de nombreux enfants porteurs de handicap peuvent tirer profit des signes. Pour les enfants qui ont des difficultés à discriminer les sons, des troubles de la compréhension, des troubles de l’attention, des difficultés à se concentrer : les mouvements des mains et les mimiques appuyées attirent leur regard.

De plus, le canal visuel est plus performant que le canal auditif (et notamment chez les enfants autistes, sourds et malentendants, trisomiques mais aussi dans d’autres handicaps). Les signes peuvent permettre de rappeler un enfant sans répéter son nom, ce qui évite de le stigmatiser aux yeux des autres et ce qui permet aussi à l’enfant de ne pas se sentir harcelé verbalement. Les signes peuvent se faire de manière conviviale et ludique.

Ainsi, grâce aux signes, un enfant qui ne sait pas encore parler, peut exprimer ses besoins, faire part de ses intérêts, de ses observations, en attirant l’attention et en montrant ce qui l’intéresse, faire part de ses goûts, s’il aime ou pas, s’il en veut encore ou s’il n’en veut plus, et exprimer de ses émotions.

Une fois cette communication possible, on est capable de mettre un mot et un signe pour reconnaître les émotions de l’enfant et on est capable de se faire comprendre qu’on soit enfant comme adulte. Dès que ces 2 phases de communications sont réunies, on peut résoudre bien des soucis, et notamment gérer les émotions et les conflits.

 

La LSF en 3 questions

Pourquoi ?

Elle offre un support visuel pour tous les enfants, et particulièrement à ceux :
– qui ont des difficultés de discrimination des sons,
– qui ont des troubles de la compréhension,
– pour qui le canal visuel est plus performant que le canal auditif (ce qui est souvent le cas chez les enfants autistes, mais aussi dans d’autres handicaps).

Pourquoi elle est fonctionnelle ?

Car les mains, on les a toujours sur soi, contrairement aux pictos par exemple. De plus, c’est une langue à part entière, et l’intérêt de prendre des signes “codifiés” et que à l’extérieur du cocon familial l’enfant pourra être compris. Bien sûr, comprenez là qu’il faut que les autres personnes aient appris la LSF, mais on peut débuter de façon assez simple, entre les livres et internet.

Pour qui ?

Je vais faire une réponse un peu stupide, mais, pour TOUS ! En ce moment c’est un peu la “mode” du baby sign, donc vous avez surement déjà entendu parler des bébés signeurs. Elle permet à l’enfant de s’exprimer avant l’acquisition de la parole, et est un excellent support pour l’émergence du langage oral. Au niveau plus “handi”, c’est sûr qu’avec un enfant aveugle, ça ne serait pas évident (et peut-être pas très utile) quoi que cela soit possible, les sourds-aveugles utilisent la LSF. Bref. Même un enfant qui a des difficultés de motricité fine ou de coordination peut utiliser la LSF. Les signes seront probablement un peu déformés, mais cela n’est pas si grave, dans la mesure du possible bien sûr. Signer peut parfois être plus simple que parler. On avait vu à quel point la coordination de la parole était une chose difficile. C’est parfait pour les enfants dysphasiques, dyspraxiques bucco-faciale, autistes, déficients intellectuels, etc.

Bénédicte Mourot, Formatrice LSF « Nos ptits signent »