SPECTACLE VIVANT

Des bénéfices pour chaque enfant

Je travaille dans le domaine de la culture et du spectacle. J’ai l’immense bonheur de fréquenter de nombreux artistes et j’ai tout naturellement emmené mes enfants voir des spectacles dès le plus jeune âge (6 mois environ).

Mon fils ainé a tout de suite aimé se rendre aux spectacles. C’était pour lui l’occasion de vivre une expérience sensorielle étonnante, d’écouter des histoires, de la musique, de voir de la danse… C’est une ouverture sur l’imaginaire qui l’a d’emblée passionnée. Avec le spectacle, on apprend à s’émerveiller, on apprend à rêver, à être contemplatif… Et dans notre société remplie d’écran, de vitesse, d’instantanéité, je pense que c’est de la plus grande importance…

Puis, rapidement je me suis aperçue que cela apportait aussi des tas d’autres choses, auxquelles je n’avais pas toujours pensé :

Il a vite compris la limite de l’espace scène / salle, différencier le lieu destiné aux spectateurs et le lieu dédié à la représentation.
Il a accepté ces règles et les a respectées.

Il a appris ce qu’est un artiste et un travail artistique. Il admire ces artistes et est conscient du travail nécessaire pour créer, de la réflexion qui précède la création… Il a découvert des savoirs-faire et a eu envie de s’y frotter (musique, danse…).

Pour mon deuxième, le spectacle est quelque chose de bien différent mais tout aussi intéressant… Pour lui, évidemment, c’est avant tout une expérience sensorielle (des lumières, des musiques…) mais c’est également une très bonne occasion de travailler l’apprentissage de « je reste calme pendant un moment », « je reste assis », etc.

Pour être tout à fait franche, je ne pensais pas que ça pourrait l’aider sur ce chemin, et j’ai parfois voulu baisser les bras quand je devais quitter le spectacle au bout de 15 minutes parce qu’il était trop agité et dérangeait les autres enfants…

2 choses m’ont permises de ne pas abandonner :

  • Je me suis aperçue que ce n’était pas un échec si parfois il nous faut quitter la salle avant la fin du spectacle. En effet, certains spectacles sont meilleurs que d’autres… Les conditions de la représentation ne sont pas toujours optimales (bébé qui pleure, qui est mal installé…) et enfin mon petit frisé a aussi ses goûts et alors qu’on peut demander à un autre enfant de « faire un effort », avec lui ce n’est pas possible : quand il n’aime pas, il le fait savoir !
  • L’ABA m’a beaucoup aidée. J’ai trouvé une petite astuce (que je déconseille aux parents d’enfants qui n’ont pas de problèmes particuliers) : je coupe des pâtes de fruits en petits morceaux que je mets dans ma poche. De manière régulière, pour féliciter un comportement adapté, je mets un morceau de pâte de fruits dans la bouche de mon fils, l’accompagnant d’un « Tu restes assis mon chéri, c’est très bien ». Cette méthode a fait des miracles !

Le choix des spectacles

Les conditions des spectacles

Selon votre lieu de résidence, vous aurez parfois le choix du lieu où vous pourrez emmener vos enfants voir des spectacles… Et parfois pas malheureusement…

Néanmoins, il est important d’avoir en tête que les conditions d’un spectacle sont primordiales… Dans une salle de spectacle labellisée jeune public, les spectacles pour les bébés accueillent au maximum 20 bébés et un parent (parfois moins). Les enfants sont placés très près des artistes. L’accueil fait aux enfants est pensé pour qu’ils se sentent à l’aise et en confiance.

Dans le cadre de festivals ou de grands évènements, les conditions sont souvent bien plus difficiles… les lieux pas toujours adaptés (bruit…) et la tentation d’augmenter les jauges entraîne parfois des choses surprenantes… Je me suis déjà vue pour un spectacle de marionnettes destiné aux enfants à partir de 1 an, dans une salle de 150 places, au 20e rang, avec mon petit sur les genoux… Évidement la visibilité était quasi-nulle, on ne pouvait pas entendre le texte. Ce genre d’expérience peut dégouter des petits du spectacle vivant et c’est vraiment dommage… Le spectacle jeune public est un métier et demande un savoir-faire bien particulier.

Le choix des spectacles

Lorsqu’on parle de spectacle pour les tout-petits (de 6 mois à 3 ans), le nombre réduit de propositions ne permet que rarement de choisir les spectacles… Néanmoins, la totalité des discipline est représentée (danse, conte, théâtre…) et il est possible de faire un choix avec les descriptifs des spectacles et les photos qui les accompagnent.

Si je peux me permettre une petite critique sur les spectacles pour les bébés, c’est une certaine tendance chez les artistes de ne pas y mettre de textes… Ou pas suffisamment à mon goût… Évidemment, un spectacle de danse n’a pas besoin de texte, mais je trouve que les spectacles sans véritable sens intelligible de tous sont surreprésentés, alors que les spectacles avec des textes sont rares. Et quand il y a du texte, c’est presque systématiquement des onomatopées, des bruits…
C’est un avis personnel bien sûr, mais je me suis si souvent retrouvée avec des choses très basiques parce que proposées aux bébés que cela me questionne…

Pour les spectacles destinés aux enfants dès 4 ans, dès 6 ans, dès 8 ans, le choix est nettement plus important et vous pouvez alors prendre en compte les goûts de votre enfant (qui ne sont pas forcément les vôtres). En effet, beaucoup d’enfants se retrouvent devant leurs premiers spectacles lors de sorties avec le collège, à voir des pièces de théâtre classiques qu’ils n’ont pas choisies… Je pense qu’il est important qu’ils puissent voir de nombreux spectacles qu’ils vont apprécier, afin de leur donner le goût du spectacle… Et un enfant sera sensible à la danse, un autre aura un plus grand appétit pour les concerts… Et c’est important d’en tenir compte.

L’âge minimum

Pour chaque spectacle, un âge minimum est indiqué. Il est important de respecter les âges indiqués, qui tiennent compte de la forme et du contenu du spectacle, mais aussi de sa durée. Un spectacle trop long ou trop compliqué ne permettra pas à l’enfant d’en profiter pleinement…

Pour ce qui concerne mon petit frisé chéri, je l’ai longtemps emmené voir des spectacles pour bébés alors qu’il avait 3 ou 4 ans en me disant que cela correspondait à son âge de développement… Puis, je me suis questionnée sur ces choix, car il était entouré de bébés, qui souvent pleuraient et ça le dérangeait beaucoup. Et le contenu des spectacles ne l’intéressait pas plus parce que c’était des spectacles pour bébés. J’en ai discuté avec la psychologue ABA qui le suit et elle m’a confirmé que je devais l’emmener voir des spectacles pour les enfants de son âge le plus possible, quitte à partir avant la fin du spectacle si c’était trop long pour lui. En effet, lorsque je l’ai emmené voir des spectacles pour enfants plus grands, son attitude a été plus adaptée et son intérêt un peu plus grand.

Les histoires, les comptines, la musique…

Lorsqu’on a un enfant lourdement handicapé ou malade, il est parfois difficile de gérer les moments de « vide ». Notre enfant ne veut pas ou ne sait pas jouer, on n’a pas toujours envie de le stimuler ou de se lancer dans des activités sources de déceptions ou vécues comme des échecs… Néanmoins, on ne supporte pas de laisser l’enfant « sans rien faire », dans un coin, dans son monde ou avec ses stéréotypies…

Depuis que mon fils est tout petit, j’ai toujours comblé ces « vides » en lui lisant des histoires, en écoutant avec lui des livres-cd, en lui chantant des comptines, en écoutant de la musique classique… Ça m’a toujours fait un bien fou de faire ça. Ce sont des moments de partage et de bien-être pour les parents comme pour l’enfant. Cela permet également de proposer des moments de plaisir et de partage entre les enfants d’une fratrie (en mettant l’enfant en écharpe de portage par exemple pour pouvoir danser avec les autres enfants…).

Au fil du temps, mon fils a pris de plus en plus de plaisir à cela. Il a commencé à beaucoup aimer la musique, à en jouer lorsque cela est possible. Le seul objet qui a de l’intérêt pour lui, et cela depuis tout petit, ce sont ses livres. Il tourne les pages de ses livres préférés qu’il demande sans cesse. Il a appris à faire des choix avec ses livres (en choisissant chaque soir quelle histoire lui serait lue).

Enfin, lire des histoires, écouter des comptines, c’est développer son imaginaire, se fabriquer des images mentales et rêver éveillé…
C’est enrichir son vocabulaire et sa compréhension du monde…
Écouter de la musique est un véritable éveil des sens, un moment de détente et d’émotion… Alors, tout cela est un moyen de vous faire du bien en lui faisant du bien !

 

À NOTER : Sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication, vous pourrez trouver une bibliographie sur la thématique des pratiques artistiques et culturelles et du handicap.

 

Et pour les parents…

J’ai eu le plaisir de voir plusieurs spectacles qui abordent la thématique du handicap…De mon point de vue, le spectacle est là pour nous bousculer, pour dire des choses, pour nous remuer, nous émouvoir…parce qu’en faisant tout cela, il touche ce qui fait de nous des humains, il nous parle au plus profond de nous…et nous réveille, nous soulage, nous réconforte, nous aide à avancer, nous éclaire…

Il est un spectacle absolument fabuleux que j’ai eu l’immense plaisir de voir en 2021…et que je recommande à tout le monde…aux parents, aux frères et soeurs…aux soignants, aux éducateurs…aux hommes et aux femmes car nous vivons tous dans une société où nous sommes amenés à croiser, à côtoyer, à aider, à aimer des personnes en situation de handicap…Foncez voir ce spectacle…il fera de nous une société meilleure…

Jean Pierre, Lui, Moi de et avec Thierry COMBE (Compagnie Pocket Théâtre)