PÉDAGOGIE MONTESSORI

D’un point de vue personnel, la pédagogie Montessori m’a toujours intéressée, mais je n’avais pas encore pris le temps et l’énergie de m’y plonger. Puis, j’ai pris la décision de suivre une formation au matériel Montessori et à la pédagogie qui y est associée, afin de voir si je pouvais y trouver des applications pour mes enfants et pour les enfants différents de manière plus générale.


Les points forts de cette pédagogie pour les enfants handicapés ou qui ont des troubles des apprentissages :

• L’importance donné au sensoriel
Depuis le plus jeune âge, jusqu’aux acquisitions telles que la lecture et le calcul, le matériel est ultra sensoriel (on touche les lettres, les formes…). Cette approche est très concrète et c’est un vrai plus pour les enfants.

Exemples :
– Les tablettes rugueuses
On commence avec deux doigts (pour préparer à la pince) et on va du haut en bas et de gauche à droite (astuce : à fabriquer avec du papier de verre).

Étape suivante : des plaques identiques doivent être assemblées en paires. On en prend toujours une de référence et on cherche la deuxième. On touche avec les deux mains chaque planchette, toujours de haut en bas.

– Le sac à mystères (à adapter selon les capacités de l’enfant)
Dans un sac noir, on met plusieurs objets. La première fois, l’enfant sort les objets et on les nomme. Les fois suivantes, on lui demande : « sors la noix ». Ensuite, on peut mettre les objets en double dans le sac et quand il sort un objet, il doit aller retrouver le double.


• Du matériel simple (une chose à la fois) et épuré (bois, couleurs primaires)
Alors que les jeux que l’on trouve dans le commerce sont souvent très décorés, très colorés et très complexes (même si on ne s’en aperçoit pas du tout avec un enfant qui ne présente pas de retard ou de problèmes de développement), le matériel Montessori est volontairement très simple : une chose à la fois, des consignes simples, des objets épurés. Ceci facilite énormément la concentration des enfants.

Exemples :
– La première boite de couleurs

On apprend à mettre les couleurs par paires (je prends le rouge et j’invite l’enfant à toucher l’autre rouge), puis on passe à la leçon en 3 temps (le jour 1 je nomme, le jour 2 je demande à l’enfant de montrer…)
Aller plus loin : la deuxième boite de couleurs comprend 11 couleurs (pour travailler les noms des couleurs) et la troisième boite de couleurs comprend les dégradés de couleurs (pour travailler les notions de « plus clair » et « plus foncé »)

– Les cylindres de couleurs

Pour aborder les notions de « plus grand », « plus petit », « plus gros », « plus mince »
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On les classe dans l’ordre (dans la boite jaune, les cylindres sont du plus grand au plus petit ; dans la rouge, ils sont du plus gros au plus mince, etc.).
Aller plus loin : monter une pyramide par couleur.

Tiroir 1 du cabinet de géométrie
On commence en présentant la forme et on fait le tour avec son doigts sans dire le nom (en silence), ensuite on fait tourner la forme en l’emboitant à chaque fois. Plus tard, on fera une leçon en trois temps.

 


• Une valorisation de l’autonomie
Avec nos enfants différents, l’autonomie est quelque chose que l’on désire tous, que l’on travaille au quotidien, que l’on espère évidement la plus grande possible. La pédagogie Montessori est basée sur de nombreux exercices et comportements destinés à accompagner nos enfants vers l’autonomie, à leur en donner le goût, la satisfaction…

Exemples :
– Le plateau avec des boites à ouvrir de différentes manières

Verser :
Avec 2 pichets identiques sur un plateau (il faut que ce soit des pichets “qui cassent”).
On montre en silence et avec les deux mains (un pichet dans chaque main). On progresse au fur et à mesure en mettant des graines de plus en plus petites, en débutant avec des pois chiches ou du maïs et en terminant par la semoule. Puis on pourra faire avec de l’eau (ajouter une éponge sur le plateau).

– Se laver les mains
Utiliser le petit lavabo qui se fixe sur la baignoire, un savon (dans un porte savon), une brosse à ongles et un broc d’eau.
Attention à bien décomposer les gestes et rincer les ustensiles à la fin.

– Laver la table
O
n lave la moitié pour leur laisser faire l’autre moitié.
On prend l’éponge, on fait des boucles (pour préparer à l’écriture), on met du savon sur l’éponge et on fait des boucles, on rince l’éponge et on fait des boucles et on essuie avec des boucles.

– Passer le balai

O
n prend un petit balai, une pelle et une balayette. Avec une craie on fait un rond au sol pour montrer où faire le tas.

 


• Développer les sens

– L’odorat, à l’aide des flacons des odeurs
Retrouver les paires (mettre une gommette de couleur sous le flacon pour pouvoir vérifier que c’est juste). Mettre des épices, de la lavande… Et changer souvent les épices pour garder l’intérêt de l’enfant. On peut aussi mettre des photos de ce qu’il y a dedans pour qu’ils puissent les retrouver aussi.

– L’ouïe, à l’aide des flacons à bruits
Idem que pour les flacons à odeurs (idée : à fabriquer avec de petites bouteilles de yop).

– Le toucher
Ranger par paires les objets de même poids (ici des triangles de poids différents)

Exemples : Les tablettes baryques et thermiques

Avec les tablettes baryques, il y a 7 tablettes de 3 essences de bois différents. Les formes sont toutes les mêmes (même taille, même épaisseur) mais les essences ont des poids différents.

Avec les tablettes thermiques, il y a 8 paires (bois, acier, verre, aluminium, marbre, plomb, liège…)
Reconnaitre, les yeux fermés, les paires (on peut s’en servir plus tard en physique pour comparer les matières (volume, poids…) en utilisant une balance.)


• Travailler les formes et les volumes en s’amusant

Pour aborder la construction et les formes, je vous conseille :

– la tour rose
P
rendre un cube après l’autre. Les mettre sur le tapis de travail. On les mélange sur le tapis. On reconstitue la tour en comparant à chaque fois le cube que l’on prend avec les autres cube.
– l’escalier marron en bois
On prend une pièce après l’autre pour installer sur le tapis de travail. On remonte l’escalier en commençant le plus épais et en terminant par le plus fin. Avec l’escalier, l’enfant perçoit également les différences de poids entre les différentes pièces.


Les enfants ne sont jamais mis en échec puisqu’ils se corrigent par eux-mêmes, et je crois que c’est là aussi une des grandes forces du matériel Montessori (lorsqu’il est correctement utilisé). L’idée est de montrer à l’enfant comment on utilise un matériel avant de le mettre à sa disposition. On lui montre, sans un mot, de manière lente et en montrant bien chaque étape pour qu’il puisse les mémoriser jusqu’au rangement du matériel). Puis on le laisse expérimenter. Si besoin, on intervient en lui notifiant que « ce n’est pas comme ça qu’on a montré » et on montre à nouveau.